Nous avons simulé les DILICO 2026 du bloc local sur la base du projet de loi de finances pour 2026 déposé par le Gouvernement.

Deux enseignements principaux sont à en tirer :

  1. Un plafonnement massif : 2/3 des EPCI prélevés et près de 3/4 des communes sont au plafond des 2% de recettes réelles de fonctionnement minorées des reversements,
  2. Forte augmentation du nombre de collectivités concernées : L’abaissement des seuils d’éligibilité de l’indice synthétique conduit à un quadruplement du nombre d’ EPCI concernés, et à un quasi doublement des communes concernées.

En synthèse,

  • Pour les communes
202520262026 après reversement 2025
Nombre de communes prélevées1 9243 3443 344
Montant moyen prélevé par commune130k€215k€192k€
Montant moyen prélevé par habitant14,18€26,16€15,68€
Taux de communes au plafond des 2% de recettes8%72%
  • Pour les EPCI
202520262026 après reversement 2025
Nombre d’EPCI prélevés140504504
Montant moyen prélevé par EPCI1781Mk€992k€192k€
Montant moyen prélevé par habitant8,97€9,67€8,22€
Taux de communes au plafond des 2% de recettes0%59%

Le cabinet Exfilo vous met à disposition son analyse du projet de loi de finances pour 2026.

Parmi les mesures de ce projet de loi de finances :

  • Pas de FCTVA pour les EPCI en 2026 !
  • Fin d’éligibilité des dépenses de fonctionnement au FCTVA : dépenses d’entretien de voirie, bâtiments publics, et informatique en nuage,
  • Doublement du DILICO pour 2026, avec un triplement de la part à la charge des communes, et un élargissement de la base pour les EPCI,
  • Mécanisme de conditionnalité du reversement du DILICO 2026 : si et seulement si le taux de croissance des dépenses de fonctionnement et d’investissement est inférieur au taux de croissance du PIB (+1,0% prévu pour 2026)
  • Variables d’ajustements : nouvelle diminution de -24% des FDTP, et de la DCRTP. Pour les communes, la DCRTP diminuerait des 2/3 !
  • Reprise de la hausse des tarifs de la TGAP : +10%/an jusqu’en 2030
  • Evolution des fractions de TVA : aucune croissance à attendre pour 2026, et pour les années suivantes, l’éventuelle progression de la TVA serait amputée de l’indice d’inflation !

Le projet de loi de finances pour 2026 a été publié mardi 14 octobre. En voici les premières mesures concernant les collectivités territoriales, présentées succinctement avant la production de notre traditionnel mémoire d’analyse du PLF.

  • Article 25 : franchise en base de TVA : réintroduction du seuil de franchise à 37 500€, qui permettra aux collectivités de ne pas être assujetties comme avant 2025 si elles ont peu de recettes
  • Article 27 : aménagement de la révision des valeurs locatives des professionnels pour repousser à 2027 l’intégration de la révision sexennale, et report de la révision des valeurs locatives des locaux d’habitation à 2032,
  • Article 31 : DGF : DGF stable, progression DSR-DSU-DNP identiques à 2025 ; Variables d’ajustements : DCRTP -3%, FCTP -24%, compensation FB et CFE des établissements industriels -25%. Répartition des prélèvements (hors compensation établissements industriels FB et CFE), au prorata des recettes réelles de fonctionnement.
  • Article 32 FCTVA : suppression de l’éligibilité du FCTVA sur les dépenses d’entretien des bâtiments publics, de la voirie, des réseaux, et de l’informatique en nuage. Les dépenses éligibles ne sont alors plus que des dépenses d’investissement ; Eligibilité FCTVA des dépenses de concessions d’aménagement pour la part relative aux bâtiments publics. ; FCTVA des EPCI : calculé sur les dépenses N-1 et non plus les dépenses N, seules les communes nouvelles conservent le calcul sur les dépenses N.

Notons qu’il n’est pas pas prévu de mesures d’accompagnement du décalage du FCTVA des EPCI, et que la rédaction de l’article 32 conduit simplement à remplacer l’année « en cours » par l’année « précédente ». Or l’article L.1615-6 CGCT précise au 9ème alinéa du II qu’une même dépense ne peut bénéficier deux fois du FCTVA.

Ainsi en l’état, il n’y aurait pas de FCTVA 2026 des EPCI puisqu’il devrait être calculé sur les dépenses 2025 et que celles-ci ont déjà fait l’objet du FCTVA en 2025 !

Toutefois, l’enveloppe globale du FCTVA pour 2026 est prévue à 7,866Mds€ contre 7,654Mds€ en 2025 : elle ne diminue pas, ce qui est étonnant compte tenu d’une année blanche de FCTVA pour les EPCI. S’agit-il d’une bévue ?

  • Article 33 : maîtrise de la dynamique de la fraction de TVA des collectivités : la dynamique des fractions de TVA aux collectivités sera assise sur le taux d’évolution de la TVA nationale minoré de l’indice d’inflation. L’évolution en résultant ne pourra être négative.
  • Article 65 : suppression de la prise en charge par l’Etat des cotisations salariales des apprentis des collectivités.
  • Article 66 : report de la date limite d’engagement des dépenses pour le nouveau programme de renouvellement urbain NPNRU car trop d’engagement sont inscrits sur l’année 2026 et la trésorerie aurait été négative.
  • Article 72 : DSR : suppression du bonus de 30% des communes en zones FRR France ruralité revitalisation ; perte éligibilité DSR : garantie étalée sur 3 ans au lieu de garantie uniquement l’année suivante,
  • Article 74 : création d’un fonds d’investissement des territoires FIT. Ce fonds agrège et remplace la DETR, DSIL et la dotation politique de la ville. Il sera réservé aux territoires ruraux au sens de l’INSEE et aux communes dont la population en quartier politique de la ville dépasse 10% de leur population. Répartition du fonds par département dans une fourchette de -/+3% du montant de l’année précédente, donc peu de changement pour 2026 sur les masses à répartir par département. le FIT sera réparti par le Préfet, qui pourra de manière exceptionnelle y déroger lorsque des communes non éligibles sollicitent pour des communes ou EPCI qui financent des projets d’un EPCI ou d’une commune éligible, ou pour des conventions entre commune ou EPCI et Etat.
  • Article 75 : DILICO 2025 : suppression de la mention qui prévoyait un reversement dans la limite du montant de la contribution de l’année, donc il y aura reversement non contraint.
  • Article 76 : DILICO 2026 : passage à 2Mds€ du prélèvement (+100%), mais la part revenant aux communes passe de 250M€ en 2025 à 720M€ (+300%) et la part des EPCI passe de 250M€ à 500M€ (+200%). Elargissement de la base : sont concernés par le prélèvement, les communes dont l’indice synthétique est supérieur à 100% de l’indice moyen et non plus 110% de l’indice moyen en 2025, et sont éligibles les EPCI dont l’indice dépasse 80% de l’indice moyen et non plus 110% de l’indice moyen. Le DILICO 2026 sera calculé sur les données DGF 2025 (et non 2026). La part prélevée pour un futur fonds de développement des territoires passe à 20% contre 10% en 2025 : sur le DILICO 2026, 80% du prélèvement sera donc reversé (contre 90% en 2025).

Notons enfin que le reversement du DILICO 2026 sera conditionné au respect par l’ensemble des collectivités territoriales d’une évolution de leurs dépenses réelles de fonctionnement et d’investissement inférieure à la croissance du PIB (prévu à 1,2% pour 2026). Si l’ensemble des dépenses de fonctionnement et d’investissement de l’ensemble des collectivités communes et EPCI dépasse la croissance du PIB, aucun reversement pour l’année donnée. Ceci donnera donc lieu à application pour la première fois à compter de 2027, année post-électorale où les projets d’investissements vont redémarrer. C’est une absence de reversement programmée, a minima pour 2027.

A l’approche des élections municipales de 2026, les futurs élus auront besoin d’une vision claire, objective et récente de la situation financière de leur collectivité pour engager leur mandat sur des bases solides. L’audit financier de début de mandat s’impose comme une démarche structurante, à la fois outil de diagnostic, levier de pilotage et vecteur de décision.

Pourquoi lancer un audit financier dès le début du mandat ?

L’audit financier permet de :

  • Objectiver la situation financière, organisationnelle, et institutionnelle (compréhension des relations avec l’intercommunalité),
  • Identifier les marges de manoeuvre et le cas échéant, les risques,
  • Aligner les ambitions politiques avec les réalités et capacités du budget municipal,
  • Partager l’information avec le conseil municipal, les citoyens et partenaires.

La démarche est calibrée pour intervenir sur un délai de trois mois afin d’identifier les premières pistes avant l’été 2026.

Comprendre avant d’agir : poser les bases d’une gouvernance éclairée

L’audit financier de début de mandat permet de dresser un état des lieux complet de la collectivité : finances, fiscalités, projets en cours et « coups partis », risques et opportunités. Il offre aux élus une base solide pour prendre des décisions éclairées dès les premiers mois du mandat.

Une démarche sur-mesure, portée par l’expertise et l’expérience

Chez Exfilo, nous accompagnons les collectivités dans la réalisations d’audits financiers et d’analyses financières et fiscales adaptés à leur contexte et leurs ambitions. Notre approche repose sur :

  • Une écoute attentive des élus et services, et une connaissance fine du fonctionnement et de l’organisation d’une collectivité,
  • Une analyse rigoureuse des comptes, états fiscaux, contrats, couplée à nos bases de données permettant de comparer et positionner la collectivité par rapport à ses pairs,
  • Une restitution pédagogique et opérationnelle,
  • Des recommandations concrètes pour enclencher le mandat dans les meilleures conditions.

Etapes d’un audit financier de début de mandat

Voici les grandes étapes de la démarche d’audit financier, qui pourra être initié dès les premières semaines/mois suivant l’installation de la nouvelle équipe :

Etape 1 : Lancement de la démarche

  • Objectif : Cadrer l’audit avec les élus et les directions,
  • Actions : Définition des objectifs, compréhension du contexte, validation du calendrier et des modalités de pilotage

Etape 2 : Collecte et analyse des données

  • Objectif : établir un diagnostic complet et exhaustif
  • Actions : recueillir les données financières, fiscales, dotations et comptables,

Etape 3 : Entretiens et investigations

  • Objectif : Echanger et comprendre les évolutions, opérations,
  • Actions : rencontrer les responsables de services, élus, en fonction des objectifs de l’audit financier, identifier les projets à venir et besoins de financement,

Etape 4 : Elaboration du rapport d’audit financier et préconisations

  • Objectif : formaliser les constats rétrospectifs et élaborer des projections financières prospectives
  • Actions : Etablir les analyses, réaliser plusieurs scénarios prospectifs permettent d’identifier les leviers d’actions et enjeux, formuler des recommandations

Etape 5 : Restitution et appropriation

  • Objectif : Partager les résultats avec les élus et les services
  • Actions : organiser une restitution claire et pédagogique, faciliter l’appropriation du rapport

La transparence financière est un pilier de la démocratie locale. Connaître les comptes de sa commune permet à chaque citoyen de comprendre comment sont utilisés les impôts, et si la gestion est équilibrée. Cette information est essentielle pour évaluer la qualité de la gouvernance locale, anticiper les évolutions et élections à venir. Où trouver cette information et comment l’interpréter ?

Voici des éléments d’informations pour vous permettre de participer de manière éclairée aux débats publics.

Où trouver les informations ?

Plusieurs sources officielles et gratuites permettent d’accéder aux données financières des collectivités locales. Nous pouvons citer la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL), qui diffuse des fiches financières, et le site data.gouv.fr, qui lui diffuse des bases de données des comptes, qui devront être retraitées pour être lisible.

Tout d’abord, la principale source d’information est le site de la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL), qui diffuse gratuitement les comptes des collectivités de 2000 à 2024, en version simplifiée. C’est le point de départ idéal pour consulter les données financières d’une commune, et pouvoir aisément les comparer aux communes de même taille démographique au niveau national. Sur la page d’accueil du site de la DGCL (Accueil | collectivites-locales.gouv.fr), vous trouverez un peu plus bas dans la rubrique Les ressources, un lien vers le site de la Direction des Finances Publiques qui diffuse ces comptes : voici ce lien. Après avoir sélectionné la commune souhaitée, vous serez sur une présentation synthétique. Il faut, en bas de l’écran, cliquer sur « Fiche détaillée », pour accéder aux données comptables agrégées par chapitre, comme les recettes de fonctionnement, produits fiscaux, produits des services, charges de personnel, investissement, capacité d’autofinancement, capacité de désendettement, taux d’imposition, encours de dette, etc…

Chaque donnée est présentée en milliers d’euros, ainsi qu’en euros par habitant, et la moyenne des communes de même taille démographique est présentée en euros par habitant. C’est l’un des atouts de ces fiches : la comparaison avec les moyennes de la strate démographique, ce qui permet de situer la commune par rapport à ses homologues.

Ensuite, le site data.gouv.fr diffuse des bases de données sur les comptes, la fiscalité, mais dans une version devant être retraitée pour être lisible par le commun des mortels.

Enfin, il y a une miriade d’autres sites, parmi lesquels l’Observatoire des finances et de la gestion publique qui permet de réaliser simplement des cartes pour comparer les niveaux de dépenses, recettes, fiscalité, au niveau de la région ou du département. Voici le lien.

Comment interpréter ces chiffres ?

Une fois les comptes connus, il est essentiel de comprendre quelques indicateurs pour évaluer la situation financière d’une commune. Nous en citerons 4 parmi les principaux :

1- L’épargne brute, ou capacité d’autofinancement. C’est un indicateur de la capacité de la commune à rembourser sa dette et à dégager un autofinancement. Une épargne brute positive est indispensable pour une collectivité, dans la mesure où le législateur a imposé à ces dernières d’avoir a minima une épargne brute suffisante pour assurer le remboursement en capital de la dette (interdiction d’utiliser des recettes d’investissement sauf le remboursement de TVA de l’Etat, ou d’emprunter pour rembourser sa dette). Ce respect, parmi d’autres, est effectué chaque année par le Préfet et la Chambre Régionale des Comptes.

2- L’épargne nette : elle correspond à l’épargne brute moins le remboursement en capital de la dette. C’est donc un indicateur plus aisément lisible du respect de la contrainte légale de couverture du remboursement de la dette par des recettes propres : l’épargne nette doit être positive, ce qui témoigne que la collectivité a remboursé sa dette avec ses ressources de fonctionnement. Et une épargne nette positive représente l’autofinancement des investissements que peut apporter une collectivité. A l’inverse, une épargne nette négative est un signal d’alerte.

3- Le taux d’épargne nette. Ce ratio est obtenu en divisant l’épargne nette par les recettes de fonctionnement. Il permet de mesurer la part des recettes de fonctionnement qui peuvent être consacrées à l’investissements. Le taux d’épargne nette est généralement situé entre 4% et 8%.

4- La capacité de désendettement. Ce ratio indique, en théorie, le nombre d’années que mettrait une commune pour rembourser l’intégralité de sa dette, si elle y consacrait tout son autofinancement (et donc cessait ses investissements). Ce ratio sert en fait à comparer les collectivités entre elles et sert à l’Etat à surveiller la situation financière des collectivités locales : plus le ratio de capacité de désendettement est faible, meilleure est la situation, puisque cela signifie que la commune peut rapidement se désendetter. En règle générale, on considère qu’une capacité de désendettement qui atteint ou dépasse les 10 années, est un signe d’alerte et témoigne d’une situation tangente.

Le Gouvernement a publié les plafonds de dépenses pour le projet de loi de finances pour 2026. Les pages 11 & 12 (cf. lien en bas de l’article) nous éclairent sur les projets du Gouvernement pour les collectivités locales :

  • Effort de 5,3Mds€ demandé aux collectivités territoriales, notamment à partir des mesures évoquées ci-après (les seules citées),
  • Stabilité de la DGF des communes & EPCI, plus d’abondement finançant la progression des dotations de péréquation (DSR/DSU/DNP pour les communes),
  • Maîtrise de la compensation de l’abattement de 50% des valeurs locatives des locaux industriels, sur la taxe foncière et la CFE, pour les communes et les EPCI. Il est évoqué la « maîtrise de la dynamique« , ce qui laisse à penser que la compensation sera figée. Son montant figure sur la page 2 de l’état de vote des taux de votre collectivité, cadre IV.1, points c (taxe foncière bâtie et cotisation foncière des entreprises)
  • Réduction à nouveau des variables d’ajustements (la DCRTP, dotation de compensation de la réforme de la taxe professionnelle, les FDTP fonds départementaux de péréquation de la taxe professionnelle),
  • Rétablissement d’une DGF des Régions par ponction sur leur fraction de TVA,
  • FCTVA : « ajustement » du calendrier pour les EPCI, avec un retour au droit commun d’une compensation calculée sur les dépenses N-2 (au lieu d’un remboursement l’année de la dépense pour les EPCI). Ce document ne fournit pas de précisions sur les modalités de glissement d’un FCTVA l’année de la dépense à un FCTVA décalé de 2 ans.

Si cette mesure de « recalage » du calendrier du FCTVA pour les EPCI était adoptée, alors c’est en 2028 que le Fonds de compensation de la TVA (FCTVA, considéré en comptabilité nationale comme une subvention d’investissement et non un remboursement de TVA), sera calculé à partir des dépenses 2026.

Dans l’intermédiaire, que se passera-t-il ? Il devrait bien y avoir bien un versement de FCTVA, mais dont la base de calcul n’est pas encore connue. Cela ne sera probablement pas les montants 2025 figés, compte tenu d’une année 2025 préélectorale où traditionnellement, les investissements sont au plus haut. Et l’année 2026, année électorale, étant plutôt une année d’investissements modérés, donc de FCTVA moins élevé, il paraît difficile à croire que le FCTVA 2026 ne soit pas calculé au plus bas, donc avec les dépenses 2026.

Peut-être ce niveau de FCTVA de 2026 sera-t-il ensuite figé pour les années 2027-2028, lorsque les investissements des collectivités devraient reprendre de plus belle ? Mais dans ce cas, d’une part, quelle économie pour l’Etat en 2026 par rapport à la situation actuelle, et d’autre part, l’Etat rembourserait aux collectivités 3 fois la TVA (2026, 2027 et 2028) que les collectivités auraient acquitté sur leurs dépenses 2026 ? Et quid des communes qui bénéficient d’un FCTVA calculé sur les dépenses d’investissements N-1 ? Cette mesure pourrait-elle être maintenue ?

C’est à croire qu’après l’échec d’une réduction du taux de compensation du FCTVA, s’organise la transformation du FCTVA en une enveloppe figée type DGF …

L’article 256 B du code général des impôts stipule que les organismes publics ne sont pas assujettis à TVA pour les activités de leurs services administratifs, sociaux, éducatifs, culturels et sportifs, lorsque leur non-assujettissement n’entraîne pas de distorsion de concurrence. Les piscines sont classées dans les équipements sportifs. Ainsi, le caractère « sportif » de l’équipement aquatique conduit au non-assujettissement à TVA, sans possibilités d’option.

Le Conseil d’Etat, dans un arrêt du 09/12/2021 (commune de Nyons), a eu à se pencher sur le cas d’un « complexe aquatique ». Il a considéré qu’il fallait apprécier l’importance de l’activité sportive d’un équipement aquatique, au regard de ses activités ludiques, pour déterminer son assujettissement à TVA, quand bien même l’équipement serait déficitaire, et géré en régie par du personnel municipal.

Le Conseil d’Etat a ainsi jugé pour évaluer le caractère prédominant de l’activité sportive de bassins de natation, qu’ « il y a lieu de prendre notamment en considération le fait de savoir si ceux-ci se prêtent à une pratique de la natation de nature sportive, en ce qu’ils sont, par exemple, divisés en lignes d’eau, équipés de plots et d’une profondeur et d’une dimension adéquates, ou s’ils sont, au contraire, aménagés de sorte qu’ils se prêtent essentiellement à un usage ludique. »

Il y a « présomption » de non-assujettissement à TVA pour les équipements aquatiques, qui peut être renversée, en fonction de la configuration des bassins, comme il a été vu au paragraphe précédent, et en fonction des offres commerciales existantes à proximité (existence d’une concurrence).

Ainsi, la gestion de l’équipement aquatique par un prestataire privé via un marché de service ou un affermage, n’emportera pas qualification de SPIC et assujettissement à TVA. C’est la nature des activités menées dans cet équipement, et notamment la « prédominance » d’activités ludiques sur les activités sportives, qui pourra conduire à considérer cette activité comme relevant d’un SPIC. Notons qu’il n’y a pas de possibilité d’option à la TVA (mais un assujettissement partiel si les activités ludiques peuvent être distinguées, notamment par le paiement d’un prix spécifique).

Enfin, rappelons que depuis le 1er janvier 2021 et la réforme de l’automatisation du FCTVA, les biens immobiliers confiés dès leur réalisation à un tiers non éligible au FCTVA, sont dorénavant éligibles au FCTVA, à la condition que ces immobilisations soient inscrites sur des comptes éligibles au FCTVA, et que l’éventuel loyer du bâtiment ne soit pas soumis à TVA (loyer ou redevance appelé par la collectivité auprès du fermier). S’il s’agit d’un bâtiment avec une activité sportive dominante au sein d’un même espace qu’une activité ludique mineure sans tarification spécifique, alors il s’agira d’un bâtiment affecté à un service public, donc inscrit à un compte 2131 « bâtiment public » éligible. Si l’activité ludique est séparée ou séparable de l’activité sportive, alors cette part de bâtiment pourra être considéré comme un bâtiment non affecté à un service public, donc inscrit à un compte 2132 « bâtiment privé », non éligible au FCTVA.

Votre collectivité a adopté son budget primitif 2025, qui sera le dernier budget de plein exercice du mandat 2020-2026, avant le renouvellement des conseils municipaux prévu en mars 2026.

Au terme d’un mandat 2020-2026, particulièrement éprouvant pour les collectivités et les élus locaux avec la succession de crises, et ce, dans un contexte géopolitique plus que tendu dans le monde :

  • Covid-19 dès le début de mandat,
  • Explosion des prix avec le contexte inflationniste depuis 2023,
  • Remontée brutale des taux d’intérêts,
  • Bouleversement de la fiscalité directe locale,
  • Nouveau dispositif de prélèvement des collectivités locales,
  • Incertitudes politiques aggravant le contexte financier : déficit public jamais atteint et dette en progression pour atteindre 3,3Mds d’euros,
  • Agressions des élus et un nombre record de démissions de maires et de conseillers municipaux sur le mandat,

le monde local a adapté ses conditions de gestion pour assurer la continuité des services qu’il rend aux citoyens.

Dans ce contexte, complexe à appréhender, sujet à des évolutions parfois contradictoires, souvent éloigné des préoccupations au quotidien des administrés, les élus locaux ont fait face.

Alors que le temps et l’énergie des élus locaux étaient consacrés à ces questions institutionnelles et budgétaires, les attentes des administrés n’ont quant à elles pas été revues à la baisse !

Elles demeurent fortes en matière de qualité et de proximité des services publics.

L’adoption des Budgets 2025 vous offre alors l’opportunité :

• de réaliser un bilan du mandat 2020-2026, sur la base d’un audit financier complet, qui mette en exergue les réponses apportées par votre équipe ;

• de valoriser ce bilan avec pédagogie, dans le respect des dispositions du Code électoral qui encadrent la communication institutionnelle en cette période pré-électorale.

Qu’il s’agisse de communes ou d’intercommunalités, il est utile et important de pouvoir clairement exposer les contraintes rencontrées et les réalisations effectuées dans ce contexte plus qu’incertain.

Faire un audit de la situation, décrire, préciser et clarifier les évolutions des différents postes de dépenses et de recettes, mettre en lumière la pression exercée par l’inflation, l’augmentation des taux d’intérêt et le bouleversement de la fiscalité directe locale, comparer la situation avec d’autres territoires similaires, concevoir une synthèse communicante et pédagogique, telles sont nos atouts et nos missions.

Nous sommes à vos côtés pour vous accompagner.

Entré en vigueur le 1er janvier 2023, le nouveau régime de responsabilité financière des gestionnaires publics (RFGP) a profondément modifié les règles encadrant les fautes commises dans la gestion des deniers publics. Ce dispositif, mis en place par l’ordonnance du 23 mars 2022, confie à une chambre du contentieux de la Cour des comptes la mission de juger les agents publics – qu’ils soient ordonnateurs ou comptables – lorsqu’une faute grave ayant entraîné un préjudice financier significatif est constatée.

L’objectif affiché de cette réforme était de mieux cibler les fautes réellement graves, en écartant les sanctions automatiques pour des erreurs purement formelles. Toutefois, après plus d’un an d’application, les retours du terrain sont préoccupants et ce dispositif suscite de vives critiques. Plusieurs organisations professionnelles, dont le Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT), alertent sur une tendance à l’automatisation des sanctions, même en l’absence de volonté frauduleuse ou en cas de contraintes opérationnelles fortes. Selon elles, 60 % des contrôles effectués jusqu’à présent ont concerné les collectivités territoriales.

Autre sujet de mécontentement : l’exclusion de la protection fonctionnelle pour les agents mis en cause. Cette garantie, qui permet habituellement à un agent de bénéficier du soutien juridique de son employeur, notamment pour les frais d’avocat, n’est pas applicable dans ce cadre, comme l’a confirmé le Conseil d’État. En réponse, une circulaire gouvernementale d’avril 2024 prévoit un accompagnement alternatif, reposant sur un appui technique et juridique, l’accès aux archives, et la création de centres de ressources.

Mais pour les syndicats, ces mesures restent insuffisantes. Ils demandent avec insistance la mise en place de véritables garanties pour les agents : retour de la protection fonctionnelle, définition de critères d’exonération ou de modulation des sanctions, et renforcement de la présomption d’innocence. Un manifeste pour une responsabilité publique juste et assumée, publié par le SNDGCT, a déjà recueilli près de 1 800 signatures.

Les inquiétudes sont d’autant plus vives que des condamnations récentes sont venues illustrer la sévérité du nouveau régime : des cadres territoriaux ont été condamnés à des amendes allant jusqu’à 2 500 euros pour des manquements administratifs, sans intention frauduleuse avérée. L’amende maximale peut atteindre jusqu’à six mois de rémunération annuelle.

Ce climat de tension pourrait avoir des conséquences concrètes sur le fonctionnement des services publics. Une enquête de l’Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) révèle que 81 % des cadres interrogés se sentent menacés par ce nouveau régime. Une majorité craint qu’il n’entraîne une forme d’inaction, par peur de prendre des décisions susceptibles d’être sanctionnées.

Face à ces signaux d’alerte, les organisations professionnelles appellent le gouvernement à réajuster le dispositif, afin de concilier efficacité de la lutte contre les fautes de gestion et préservation de la sérénité et de l’engagement des agents publics.

Lors de la Conférence financière des territoires, tenue le 6 mai, le gouvernement a annoncé la mise en place de quatre groupes de travail pour réfléchir aux évolutions des finances locales. Ces travaux visent à réduire le déficit public en impliquant les collectivités locales, malgré les désaccords entre le gouvernement et les associations d’élus. Le gouvernement accuse les collectivités de « trop dépenser », tandis que les élus estiment que l’État est responsable de la situation en recentralisant progressivement les finances locales et en imposant des dépenses supplémentaires.

Les quatre groupes de travail

Les groupes de travail seront organisés autour de quatre thématiques principales :

  1. Prévisibilité des recettes et investissements
  2. Effectifs et masse salariale des collectivités locales
  3. Modalités des relations entre l’État et les collectivités
  4. Situation financière des départements

Ces groupes se réuniront à deux reprises : une première séance aura lieu les 26 et 27 mai, et la seconde les 18 et 19 juin. Chaque association disposera de deux sièges par groupe (un élu et un membre des services). Les résultats de ces travaux seront présentés en juillet lors d’une nouvelle conférence financière des territoires et intégrés dans la préparation du projet de loi de finances pour 2026.

Les enjeux des groupes de travail

  1. Prévisibilité des recettes et investissements :
    Ce groupe se concentrera sur la mesure de l’impact des recettes issues de la loi de finances pour 2026, en particulier la « pilotabilité des recettes des différentes strates » (le pouvoir de taux des élus). Il sera aussi question de rendre plus lisible le calcul de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) et d’explorer les financements externes (comme les fonds européens). L’objectif est de réintroduire la contractualisation entre l’État et les collectivités, où l’État offrirait une meilleure prévisibilité des dotations en échange de l’engagement des collectivités à maîtriser leurs dépenses. Une question clé pourrait être celle de l’« année blanche », dont le sens exact reste flou.
  2. Fonction publique territoriale (FTP) :
    Ce groupe se penchera sur la hausse des dépenses liées aux effectifs des collectivités, notamment la gestion des départs en retraite à venir et les moyens de maîtriser ces dépenses. Le groupe débattra également de l’attractivité des métiers de la FTP, des questions statutaires et de l’impact des cotisations sociales (CNRACL).
  3. Relations financières entre l’État et les collectivités :
    Ce groupe s’intéressera aux transferts financiers entre l’État et les collectivités (plus de 100 milliards d’euros par an). L’objectif est d’évaluer l’efficacité des dispositifs financiers et d’examiner la gestion des normes qui ont un impact financier sur les finances locales. Le gouvernement propose même un « moratoire sur les normes » dès 2025. Un autre sujet de discussion sera la péréquation horizontale, qui concerne les mécanismes de solidarité entre les différentes strates de collectivités, sujet qui ne fait pas l’unanimité parmi les élus.

Conclusion

Les travaux de ces groupes de travail seront cruciaux pour la définition de la politique financière à venir, avec l’objectif de réduire le déficit tout en maintenant un équilibre entre les besoins des collectivités et les exigences de l’État.