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Article 58 du projet de loi de finances pour 2016 : Actuellement, les communes pouvaient, en plus de percevoir la dotation forfaitaire, être éligibles à des dotations de péréquation : la dotation de solidarité rurale (DSR) , la dotation de solidarité urbaine (DSU) ou la dotation nationale de péréquation (DNP).

Dans le cadre de la réforme de la DGF du bloc communal, le projet de loi de finances prévoit une nouvelle architecture de ces dotations de péréquation, en supprimant notamment la dotation nationale de péréquation et répartissant son montant entre les deux autres dotations (DSR et DSU). Les montants mis en répartition de la DSU et de la DSR des communes augmentent respectivement de 520 697 910 € et 570 361 507 € par rapport aux montants répartis en 2015 (hausse financée en partie par la suppression de la DNP).

Les composantes de la DSR et de la DSU, ainsi que les  conditions d’éligibilité ont également fait l’objet d’une refonte par le gouvernement :

Dot péréquation communes

Les objectifs recherchés de la réforme des dotations de péréquation sont de trois ordres, selon un support de présentation sur le PLF 2016 de la DGCL (284042046-Delamarche-DGCL-PLF2016) :

  1. Recentrer les dotations de péréquation en resserrant le nombre de communes éligibles
  2. Lisser les effets de seuil en supprimant les fractions cibles de la DSR et de la DSU
  3. Simplifier en supprimant la dotation nationale de péréquation tout en réallouant les montants de la DNP à la DSU et à la DSR (les montants de péréquation progressent dans des proportions identiques aux évolutions constatées en 2015 (+297M€).
A l’occasion des dernières rencontres du Premier Ministre avec les entreprises (Université d’été du MEDEF) et les élus locaux (Université d’été du PS), voici le point sur les mesures concernant les collectivités territoriales qui ont été évoquées.

1. Organisation des compétences des 13 futures grandes régions

Dès l’automne, un nouveau projet de loi portant sur l’organisation territoriale de la République sera présenté au Parlement. Les compétences évoquées pour les 13 futures grandes régions sont le développement économique, l’accompagnement des entreprises, la formation professionnelle, l’apprentissage, le transport, l’aménagement du territoire et la cohésion territoriale.
Les régions seront alors dotées de compétences « accrues, plus importantes, plus stratégiques », a précisé Manuel Valls.
Ce renforcement des régions s’accompagnera d’un renforcement de l’intercommunalité, au détriment des départements.

2. Confirmation du maintien des conseils généraux en milieu rural

Néanmoins, suite à la formation du gouvernement Valls II, le gouvernement s’est montré plus souple quant à la disparition des conseils généraux à compter de 2020.
En effet, trois formes de département ont été évoquées par le Premier Ministre :
• Dans les territoires où se situe une Métropole, créée par la loi du 27 Janvier 2014, le mécanisme de la fusion-absorption des compétences du département par le grand ensemble urbain pourrait être retenu, à l’image de la métropole de Lyon.
• Dans les autres territoires urbains, de grands ensembles intercommunaux prendraient le relai des conseils généraux.
• Enfin, dans les milieux ruraux, les conseils généraux subsisteraient mais avec des compétences « simplifiées ».

3. La baisse des concours financiers de l’Etat aux collectivités

Outre les annonces déjà connues du plan d’économies de 50 Milliards et de la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités de 11 Milliards d’euros, quelques précisions ont toutefois été apportées.
En effet, le Premier Ministre a affirmé que la baisse des dépenses publiques de 50 Milliards consisterait à une baisse de « 21 Milliards dès 2015 ». Proportionnellement à la baisse de 11 Milliards prévue pour les collectivités, cela signifierait une baisse de 4,62 Milliards dès 2015.
Une réunion entre le gouvernement et les élus locaux aura le lieu le 11 septembre sur les modalités de la baisse de 11 Milliards des dotations sur trois ans.
Par ailleurs, concernant les inquiétudes sur l’inclusion du FCTVA dans la baisse des dotations, celui-ci sera « sanctuarisé ». Le projet de loi de finances pour 2015 pérennisera le FCTVA pour « préserver et accompagner l’investissement local ».

[ATTENTION : l’actualité bouge, et cet article n’est plus à jour. Le comité des finances locales a précisé les objectifs du Gouvernement, à lire ici]

Un article de la Gazette des communes (à lire ici) fait le bilan de la réunion du 24 juin entre les associations d’élus locaux et trois ministres du Gouvernement :

L’objectif était d’aborder les modalités et le rythme de l’effort de 11 milliards d’euros demandé aux collectivités locales dans le cadre des économies de 50 milliards prévues par le programme de stabilité. Seule certitude à ce stade, les ministres ont confirmé le montant de la baisse (11 milliards d’euros) et le rythme de sa mise en oeuvre (3,67 milliards d’euros par an en 2015, 2016 et 2017). Les associations du bloc local, qui avaient proposé un étalement dans le temps de cet effort, n’ont donc pour l’instant pas été entendues.”

Comme nous l’évoquions dans un article précédent (), une forte incertitude pesait sur l’annonce du Premier Ministre de la réduction de 11 Mds€ des dotations et notamment sa place avec le pacte de confiance de l’été 2013 qui prévoyait déjà une réduction de 1,5Mds€ des dotations en 2014, puis 3Mds€ en 2015. La simple poursuite en 2016 et 2017 des conditions du pacte aboutissait à une minoration de 9 milliards €.

Au final, il semble fort que la réduction de 11 Milliards d’euros des dotations soit simplement la poursuite et l’amplification de l’effort déjà engagé (9Mds€ + 2Mds€).

Si l’annonce du montant de la baisse ne surprend pas (11Mds€ entre 2015 et 2017 et non pas 20Mds€ (11+9) comme craint parfois), de manière surprenante, il est annoncé dans l’article que la baisse serait uniforme sur les 3 années (-3,6Mds€ par an chaque année).

Et ça, c’est incohérent.

En effet, une réduction uniforme fait peser la totalité de l’effort sur 2015, puisqu’il faudra passer d’une minoration de la dotation globale de fonctionnement (DGF) de 1,5Mds€ en 2014 (-0,75% des recettes de fonctionnement) à -3,6Mds€ en 2015 (-2% des recettes de fonctionnement) puis se tenir à ce niveau. Le palier entre 2014 et 2015 sera donc important, puis en 2016 et 2017, il s’agira “juste” de se maintenir à ce niveau.

Or un tel système est défavorable aux collectivités, qui auront un effort important à fournir en 2015, mais aussi à l’Etat qui en bout de course en 2017, aura réduit la DGF de 3,6Mds€ alors qu’elle aurait pu être réduite de 4,3Mds€ (1). Or dans l’optique d’un maintien de la minoration au-delà de 2017, ce qui est, dans le contexte actuel, certain (comment l’Etat pourrait-il d’ici 2018 retrouver des marges de manoeuvre lui permettant d’annuler les réductions sur la DGF ?), c’est un mauvais calcul.

Deux motivations nous semble pouvoir justifier l’annonce d’un rythme de 3,67Mds€ par an de la réduction des dotations :

  1. Première hypothèse : c’est une manoeuvre de négociation. Les négociations sont déjà ouvertes, et il s’agit pour le Gouvernement d’avoir quelque chose à négocier avec les associations d’élus, et de leur permettre de gagner quelque chose ;
  2. Seconde hypothèse, plus inquiétante : l’Etat a intérêt à ce que le rythme de réduction des dotations soit le plus fort possible dès 2015 s’il envisage ou souhaite se laisser la possibilité d’amplifier encore l’effort l’année prochaine. Après tout, un pacte de “confiance” avait bien été négocié à l’été 2013 et cette nouvelle réduction vient l’amplifier et le remplacer.

Alors quelle est la bonne version ? Il nous semble hautement probable que le rythme de l’effort soit revu lors de la prochaine négociation avec les associations d’élus locaux le 21 juillet. Mais ne perdons pas de vue qu’en ces périodes de “disette budgétaire”, il n’y a pas de garantie que l’effort pour les 3 prochaines années soit celui annoncé.

 

Les promesses n’engagent que ceux qui les croient

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(1) avec un étalement de l’effort dans le temps, par exemple : -3Mds€ en 2015 (-1,5% des recettes), -3,6Mds€ en 2016 (-2% des recettes) et -4,3Mds€ en 2017 (-2,5% des recettes).